Quelques jours avant Noël, notre président honoraire et ami Jean Michel, Général de Corps Aérien, ancien pilote de chasse, ancien élève de l’Ecole de l’Air (promotion 1968) nous confiait qu’il devait subir quelques examens médicaux de contrôle.
Aussi n’est-ce pas sans émotion que nous avons appris le 22 janvier, que la maladie foudroyante qui l’a frappé, l’avait aussi rapidement emporté dans la nuit.
Nous avions pu, pour quelques membres de notre association, lui rendre visite juste avant à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et prié avec lui, son épouse Dominique et ses enfants présents quelques heures avant qu’il ne rejoigne le Seigneur.
Ce fut un vrai moment de grâce et de Paix, celle que donne l’Esprit Saint !
Jean était très paisible et il nous a souri, même s’il ne pouvait plus parler…
Jean aimait et vénérait Marie, Notre-Dame des Ailes, dont il fut le serviteur actif en tant que président jusqu’en 2017. Il tenait beaucoup à ce que notre Assemblée Générale se tînt le 25 mars chaque année, jour de l’Annonciation, et ce sera bien sûr encore le cas cette année.
Sa simplicité, sa joie et ses qualités de contact assorties d’un grand respect envers tous ceux qui l’ont connu, nous ont tous touchés profondément. Il avait un coeur d’enfant, même si c’était un intellectuel très désireux de toujours approfondir les questions existentielles, théologiques et morales essentielles. Il lisait beaucoup et nous partageait ce qu’il avait retenu d’important dans ses lectures.
Nous sommes à la fois confiants et désemparés devant son départ. Le Seigneur nous conduit par un chemin mystérieux ! Mais nous savons qu’il ne nous abandonne pas, même si nous venons de vivre une année particulièrement douloureuse depuis notre dernière AG : notre trésorier Jean Yves (le Général Colinet), notre amie fidèle participante à nos rencontres et épouse de Michel (Denise Ferry) nous ont quittés depuis le printemps dernier et aujourd’hui Jean…
Plus que jamais, nous nous tournons vers Notre-Dame qui intercède pour eux et pour nous et nous lui consacrons nos personnes pour la plus grande gloire de Dieu.
Jacques Yvert, diacre permanent +
Président de Notre-Dame des Ailes
témoignages |
Homélie du Père Bernard Peyrous donnée pour les obsèques de Jean Michel
Père Bernard Peyrous, docteur en Histoire et auteur de « Connaître et Aimer son pays – une réflexion chrétienne sur les nations »
Jean MICHEL,
Je voudrais que Dieu me donne les mots justes pour honorer la belle figure, le beau visage du général Jean Michel, de mon ami Jean, mais j’ai bien le sentiment d’être au-dessous du sujet, pour parler d’une personnalité aussi riche. On me pardonnera de n’en évoquer qu’un aspect :
J’ai connu Jean Michel lors des Lundis de la Théologie, à Chézelles, près de l’Île Bouchard. Ce sont des entretiens de théologie qu’il a suivis avec son épouse Dominique, le plus souvent qu’il a pu, pendant plusieurs années. Nos premières conversations ont donc été d’ordre théologique. Avouons qu’un premier contact basé sur ce domaine de réflexion n’est pas ordinaire. Il ne se contentait pas d’écouter. II avait besoin d’aller plus loin. Il voulait dialoguer. C’était un homme de foi, cela se voyait aussitôt, mais d’une foi associée à une rare intelligence. Avec lui se réalisait parfaitement la fameuse devise latine qui a inspiré des siècles de réflexion : Fides quaerens intellectum (en français : « la foi cherchant l’intelligence » formulée pour Ia première fois au XII ème siècle, par saint Anselme de Cantorbéry. II voulait comprendre. Pour cela, il se posait des questions parfois très originales, voire un peu déconcertantes, avec une liberté de parole qui
s’alliait à un profond respect des interlocuteurs. Parler de Dieu et de l’être humain avec lui, c’était un véritable régal.
Au point de vue intellectuel, il avait une intelligence d’une finesse et d’une opportunité absolument inhabituelles. Pour sortir de Ia théologie, je me rappelle une conversation que nous avions eue sur le génie des principales langues européennes. Il parlait des bases de la structure linguistique de ces langues avec une clarté et une finesse que, pour ma part, je n’avais jamais rencontrées depuis de manière aussi convaincante.
II aimait évidemment son métier d’aviateur et de militaire, avec toutes les valeurs et toutes les exigences que cela comporte. Ce n’est pas à moi d’en parler plus longuement. Je voudrais dire simplement que Notre-Dame des Ailes était pour lui le moyen de conjoindre l’amour de son pays, la France, l’amour de l’aviation et l’amour de Dieu, associé à celui de la Vierge Marie. Il a porté ce projet au fond de son cœur avec beaucoup de force.
En allant un peu plus loin dans la relation, en effet, j’ai été frappé par son cœur. On le sentait au-delà des paroles quand il était avec Dominique. Sa curiosité intellectuelle était comme l’expression, comme le moyen, d’une recherche du cœur, si j’ose dire. Il me semble qu’en profondeur il y avait chez lui un idéal, donc une ouverture vers la vie, comme une ouverture vers l’amour des choses vraies, nobles et grandes, et surtout comme une ouverture vers les personnes. Pour ma part, derrière l’homme intelligent, j’ai découvert le cœur d’un ami. Cela, c’est si délicat, qu’on a du mal à l’exprimer. Mais je peux dire que, si discrète, si pudique qu’elle ait été, l’amitié de Jean Michel restera pour moi extrêmement précieuse dans ma vie. Mais je ne pense pas être le seul à avoir fait cette belle expérience.
Jean, mon cher Jean, votre beau sourire, qui disait tant de choses, nous accompagne. Vous voilà maintenant en marche vers le Ciel, le Ciel sans limites, le Ciel de Dieu. Pensez à nous qui marchons parfois si difficilement sur la terre. Avec les anges vos amis, vous jouissez d’un horizon sans limites. Surtout, vous découvrez I’Amour dans sa totalité, Dieu lui-même qui est Amour. Donnez-nous en quelque chose, s’il vous plaît.