L'édito par André Garnier

HEU-REUX !

 

Petites galères de la vie de pilote de ligne.

 

Au cockpit, on commence la préparation du vol ; on est déjà en retard, on a pris en plus un créneau (comprendre : le contrôle aérien régule les départs, on va prendre encore plus de retard), les bus avec les passagers n’arrivent pas, les passagers sont d’humeur exécrable, il fait chaud, on a mal dormi la veille, on va devoir se dérouter à Charles de Gaulle (Orly ferme à 23h30).

La météo à destination n’est pas fameuse, d’ailleurs, elle n’est fameuse nulle part, de gros nuages, de l’orage, du vent (de travers de préférence), mais pas encore assez pour fermer la porte à une tentative d’approche. Il va falloir slalomer entre les gouttes et déployer les ressources en pilotage.

Bref, on serre les fesses…

Quelques secondes de recul : eh bien, mon Dieu, tout cela est entre tes mains.

Finale en piste 34 à Santorin : piste courte, vent soutenu donc turbulent, configuration volets qui rend l’avion bien plus sensible aux commandes, comme on dit, il faut s’en occuper. Seigneur, c’est pas gagné, tu m’accompagnes aux commandes ?

Et comme dans l’Evangile de la tempête sur le lac de Tibériade, un grand calme se fait. Non, je ne suis pas tout seul : d’ailleurs, non, nous sommes déjà deux, mais là, nous sommes au moins trois (voire cinq, n’est-ce pas, on a fêté la Sainte Trinité il y a peu). Tout cela ne nous appartient plus tout à fait, nous sommes supervisés, et quelle que soit l’issue, ce sera la bonne.

On se repasse brièvement le film de tous ces moments difficiles (et pas seulement dans nos vies professionnelles) où un peu d’abandon nous a apporté cette sérénité, cette paix qui nous manquait, et qui nous a permis d’être plus concentrés pour jouer la partition qui nous incombe, pendant que le chef d’orchestre gère la symphonie.

Assis sur les cailloux du col de Presset après une ascension un peu pénible sur un névé : le paysage vient de se déployer devant nous. Émerveillement total devant ces horizons lointains, crêtes et vallées, comme devant l’infini nuancier des couleurs des roches, ou les quelques minuscules fleurs roses sur fond gris ardoise qui témoignent que la vie s’accroche dans les univers les plus hostiles. Et tout cela ne serait que le fruit du hasard ? Quelle farce ! Mais quel génie !!

Seigneur, Tu es, et Tu es là : avec nous, partout, à chaque instant – mais c’est dans ces moments-là que je m’en rends compte. Non, je ne sens pas Ta présence. Je le sais, c’est tout. Et la paix qui en découle m’apporte joie et bonheur. La joie et le bonheur les plus fondamentaux. Que ne sais-je les rayonner comme il le faudrait, je convertirais tous mes frères à l’instant. Dures limites !

Non, tout ne va pas se passer comme je l’espérais. Pas drôle sinon ! Mais grâce à Toi, on va passer le cap de l’épreuve.

Et ce jour-là : arrondi juste à la bonne hauteur, on réduit au bon moment, on touche précis, ferme mais sans brutalité, l’atterrissage d’anthologie. Et cet autre jour : eh bien non, trop de vent, il faut aller ailleurs, on finit à Heraklion : approche et piste inhabituelle (la 09), briefing rapide, le copilote se débrouille bien (bien épaulé par son commandant !). Excellente collaboration de tous les intervenants, trois heures plus tard, passagers casés dans les hôtels et l’équipage dans le sien, un peu éreinté mais heureux autour de la table : en fait, encore une aventure qui s’est super bien passée !

À notre petite échelle, nous revivons dans nos petits (et moins petits…) défis la grande épreuve que le Christ a vécu lors de sa Passion : s’en remettre tout entier entre les mains du Père. Sa volonté sera ainsi faite, et même si elle ne nous plaît pas trop à vue humaine, il faut faire confiance, c’est pour un plus grand bien. Le Christ a-t-il douté qu’il allait retrouver le Père ? Que de fois l’ai-je vérifié dans ma propre vie.

Merci, Seigneur, gloire et louange à toi – ultime rasade de bonheur après l’épreuve !

Au Calendrier Liturgique

4 août : Saint Jean-Marie Vianney

Jean-Marie Vianney est né dans une famille de paysans pauvre près de Lyon, trois ans avant que n’éclate la Révolution. Dans ce contexte troublé de persécution religieuse et de pratique clandestine, c’est de sa mère qu’il reçoit l’héritage de la foi. Il confiera plus tard : « La vertu passe facilement du cœur des mères dans le cœur des enfants ! »1 Il montre très tôt une piété fervente et dira de même : « Le goût de la prière et de l’autel ? Après Dieu, je le dois à ma mère »2.

De cette époque ô combien troublée, il connaît la fermeture des églises, la traque des prêtres réfractaires, les messes furtives dans la clandestinité, la destruction des croix, la fermeture de l’école communale aussi.

À 17 ans, il se sent déjà appelé au sacerdoce, mais le chemin de la prêtrise est parsemé d’obstacles ; il est d’abord arrêté pendant deux ans par le refus paternel qui a besoin de lui pour l’exploitation familiale.

Il est conscient de son peu d’instruction et de sa mémoire rétive faute d’avoir été exercée et il s’interroge sur son avenir : « Je ne peux rien loger dans ma pauvre tête »3.

Heureusement, l’Abbé Balley, curé d’Écully, la paroisse dont dépend Jean-Marie, pressent « le véritable volcan d’énergie interne que l’amour de Dieu fera éclater plus tard, proįetant sa lave de charité bien au-delà du village d’Ars »4 et va le guider, l’encourager et le réconforter tout au long de son chemin spirituel.

Jean-Marie reste complètement réfractaire au latin, alors que c’est la langue de l’enseignement au séminaire.

Après bien des péripéties, c’est une intervention de l’Abbé Balley qui fait valoir sa persévérance et sa grande piété pour convaincre le vicaire général qui l’accepte finalement au grand séminaire de Lyon en ajoutant : « La grâce de Dieu fera le reste »5.

À 23 ans il est frappé par la conscription et assume sa désertion dans la clandestinité pour ne pas aller combattre en Espagne.

À 29 ans, Jean-Marie est enfin ordonné prêtre le 13 août 1815, avec cependant une restriction qui se révèlera paradoxale : il n’a pas encore le pouvoir d’absoudre les péchés !!!

Il est nommé vicaire… à Écully où il retrouve le bon Abbé Balley qui intervient bien vite pour obtenir la levée de cette restriction et qui sera… son premier pénitent. Et très vite, son confessionnal est assiégé.

Trois ans plus tard, à la mort de son père spirituel, l’Abbé Vianney se voit confier un pauvre petit village des Dombes de 230 habitants où la pratique religieuse est quasi inexistante. Cette paroisse d’Ars, il ne la quittera plus jusqu’à sa mort, le 4 août 1859.

1 Michel de Saint Pierre, La vie prodigieuse du Curé d’Ars, Maison de la bonne presse – 1959

2 ibid.

3 ibid.

4 ibid.

5 ibid.En le nommant, le vicaire général lui avait dit : « Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans cette paroisse ; vous en mettrez. »6 Il ne savait pas si bien dire !

Point n’est besoin ensuite, tant cela est connu, de rappeler sa vie de prière et de pénitence totalement vouée au salut des âmes, dans l’humilité, l’austérité et les mortifications ; sa bienveillance, sa générosité, son attention aux plus pauvres ; ses enseignements et ses homélies qui insistent surtout sur la bonté et la miséricorde de Dieu ; d’évoquer le confesseur infatigable – il passe parfois plus de seize heures par jour au confessionnal ; les miracles aussi que dans sa grande humilité, il n’attribue qu’au Bon Dieu ; son rayonnement spirituel qui fait d’Ars, de son vivant même, un lieu de pèlerinage, de conversions, de guérisons.

Michel de Saint Pierre a écrit de lui : « L’Église en détresse a d’abord besoin de saints. Or, les grandes exigences du sacerdoce n’ont pas changé depuis le curé d’Ars. Il a su résumer en lui ce qui fait, ce qui fera touįours l’essence même du prêtre. »

« Oh ! Que le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait… » – Saint Curé d’Ars

Jean-Marie Vianney a été béatifié le 8 janvier 1905 et déclaré la même année, “patron des prêtres de France”. Il a été canonisé en 1925 par Pie XI et proclamé « patron de tous les curés de l’univers.

Chapelle Californie

« Chapelle Saint Jean-Marie Vianney – Balboa Island, Californie.

En cette année sainte de l’Espérance qui ne déçoit pas, prions pour les vocations :

6 ibid.

Seigneu r, Toi qui veux « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » 7 , regarde nos jeunes avec amour ,

Envoie su r eux ton Esprit Saint !

Ouvre le cœur de ceux que Tu as choisi d’appeler comme prêtres et donnes leur le courage de te répondre en toute confiance : « Me voici ! »

Donne à leu r fa m i l l e la grâce d’accueillir et de soutenir la vocation de leu r enfant.

Donne à ton Église qui en a ta nt besoin ces prêtres qu’ e l e te demande avec confia nce. Seigneur , nous t’en prions.

Saint Jean-Marie Vianney, patron de tous les prêtres, soutiens notre prière et intercède pour nous. 8

 

 

Une Minute avec Marie!

La petite Vierge de Nazareth a une place exceptionnelle dans le plan de salut de Dieu : son destin unique dans l'histoire de l'humanité est annoncé depuis les origines et son œuvre se poursuit jusqu'à la fin des temps.

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