Notre ancien au aumônier, le père Yves-Marie Clochard Bossuet, partage avec nous son expérience vécue dans le cadre de sa mission actuelle en Irak.
« Bonjour à tous,
Dans un Bagdad remué par les événements des pays voisins la vie continue malgré tout.
Alors qu’une vie normale commençait, depuis deux ans, à se rétablir – j’en ai témoigné dans une rubrique précédente – une inquiétude encore diffuse se répand chez les chrétiens. Si ces derniers ont l’habitude depuis un demi siècle de faire les frais des luttes intestines locales, à être d’éternels boucs émissaires, l’exacerbation du discours de quelques leaders islamiques, et non des moindres, a de quoi inquiéter. Pour certains d’entre eux, après avoir chassé les juifs d’Israel (en Irak c’est déjà fait depuis 80 ans), il faudra chasser sinon exterminer les chrétiens qui n’auraient rien à faire sur une terre d’Islam (le Proche Orient). C’est faire peu de cas de l’Histoire et peine perdue de rappeler que les chrétiens étaient là 600 ans avant la conquête arabe. Le fanatisme ne s’embarrasse pas de tels détails. Peine perdue aussi à rappeler que la différence est une richesse complémentaire pour les peuples. Peine perdue enfin, face à des croyances obscurantistes, d’essayer d’avoir un discours un peu rationnel. Le fanatisme risque de tout emporter. La majorité des musulmans, qui refuse ces discours de haine, est paralysée. Il faut à ces derniers beaucoup de courage pour se faire entendre et résister.
Dans ce fatras de haine et de violences, j’ai la chance d’être témoin tous les jours d’un type de résistance qui ne fera jamais la une des journaux, celle de communautés religieuses chrétiennes, en particulier celle des Sœurs de Mère Teresa. Je les connais bien, je célèbre la Messe tous les jours dans leurs deux couvents respectifs. L’un est au centre de Bagdad, l’autre dans une triste banlieue chiite à la lisière de la capitale. Là la résistance chrétienne est à l’œuvre sans bazookas sans kalachnikovs, sans grands discours. Là, la résistance dépasse les combats immédiats pour une lutte cosmique, excusez du peu, contre l’Auteur du Mal. Ce combat consiste en la fidélité à des vœux religieux accomplis pour la plupart dans leurs pays d’origine, des pays généralement épargnés par les guerres. Les circonstances et le vœu d’obéissance les ont précipitées au cœur de pays en guerre. Pour elles, il n’y aura pas d’évacuation sanitaire ou sécuritaire sinon avec leurs protégés. Celles du centre de Bagdad recueillent une soixantaine d’enfants orphelins ou abandonnés, débiles mentaux ou déficients physiques. La résistance des sœurs se construit dans la patience et l’amour donné à ces enfants rejetés et mal aimés, déjà détruits dans leur psychisme.
Leur Dôme de fer (1) ? L’Eucharistie, l’oraison, l’adoration du Saint Sacrement… Innocence, inconscience des Sœurs ? La plupart d’entre elles sont passées par d’autres couvents de la région où elles ont eu à connaître des exactions contre les Chrétiens, quant aux plus jeunes d’entre elles, elles connaissent l’histoire de leurs sœurs massacrées au Yémen, elles savent aussi ce que vivent aujourd’hui leurs sœurs de Gaza.
Leur assurance vie ? Leur Foi en DieuL
La leçon de ces sœurs vaut pour nous, vaut pour moi. Chaque matin j’arrive trop souvent bousculé, « énervé » par les nouvelles du monde captées au réveil. Le sourire silencieux, apaisé de la sœur qui m’ouvre la porte ne manque jamais de me rappeler qu’il serait temps que je me soucie en priorité des choses de Dieu, le reste me sera donné de surcroît ( Mt). »
(1) Allusion au système de défense qu’Israel a établi pour intercepter les roquettes
Un peu d’humour pour un appel pressant
Je ne résiste pas à l’envie de partager la requête du curé de cette paroisse où je me suis retrouvé pour les vacances de Toussaint, parce que derrière l’humour du style se retrouve exposée la situation préoccupante de nombre de paroisses et de diocèses : quêtes en baisse, diminution du nombre de participants au denier de l’Église, en particulier dans les jeunes générations, factures d’énergie en forte hausse… Les temps sont plus difficiles et les appels aux dons se multiplient. Exerçons notre discernement pour fixer nos priorités. Notre participation est indispensable pour permettre à l’Église d’assurer sa mission.
« Depuis quelques mois, [ le montant des quêtes ] ne cesse de baisser (…) Il semble en effet, que depuis quelque temps, le plateau de quête devienne un vide poche. Petit inventaire à la Prévert de ce qu’on trouve certains dimanches :
jetons de caddy, sans doute pour permettre à M. Le Curé de faire plus facilement ses courses,
jetons de lavage de voiture – pour que M. Le Curé ait toujours une voiture rutilante,
anciens francs, pesetas, yen, dollars, roupies, dinars, francs CFA, ce qui tendrait à prouver que nous sommes une paroisse très missionnaire ou quelque peu conservatrice pour les anciens francs.
médailles religieuses ! Malheureusement non miraculeuses pour augmenter nos quêtes,
pastilles Vichy, pour permettre à M. Le Curé de mieux avaler ce qu’il trouve dans le panier de la quête.
Pour rappel à nos généreux donateurs :
seules ont encore cours auprès des banques les pièces de 1 et 2 euros. Réservons les autres pour la collecte des pièces jaunes.
pour plus de discrétion pendant la quête, car ils ont le mérite de ne pas faire de bruit, tous les billets en euros sont acceptés.
Les finances de la paroisse sont l’affaire de chaque baptisé. Je sais que vous êtes en permanence sollicités non seulement par les factures habituelles, les impôts, mais aussi par de nombreuses associations. Tout le monde quémande. Je suis désolé d’entrer dans cette démarche, mais nous sommes en déficit chaque année malgré tous les efforts du conseil économique qui gère de son mieux ce que vous donnez. Mais ce n’est pas suffisant, et faute de moyens, nous ne pourrons plus assurer le service évangélique auquel chaque baptisé a droit.
Merci de votre compréhension, en vous assurant de ma prière à toutes vos intentions. »