Association Notre Dame des Ailes
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L'édito par André Garnier
. La Toussaint s’annonce, le jour des défunts aussi. On laissera de côté le passage désormais obligé d’Halloween, qui sent trop le festif commercial pour parler vraiment à l’âme.
Deux jours avant la Toussaint, la liturgie nous propose une lecture dont elle a le secret : « ‘ Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? ’ Jésus leur dit : ‘ efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. ‘ »Comme souvent, Jésus ne répond pas à la question, et pourtant, Dieu sait (!) combien cette question taraude l’humanité. Et comment comprendre : « je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ! ». Qui, en relisant sa vie, pourra se dire qu’il n’a jamais commis d’injustice ? En commençant par le péché d’omission, lorsque nous nous sommes détourés de notre frère dans le besoin ?
Que voilà bien encore une prescription totalement hors de notre pauvre atteinte humaine ! Comment les saints (puisqu’on les célèbre deux jours plus tard) ont-ils relevé le défi ? D’ailleurs, peu nombreux sont ceux (y en a-t-il seulement ?) dont la vie fut exemplaire de bout en bout. Ce sont des sentences comme celles-là qui vous donneraient envie de tout passer par dessus bord, se caler dans le canapé avec une bouteille de whisky et un bon film, et passer à autre chose.
La réponse est peut-être dans « Efforcez-vous ». Oui, je concède, c’est subtil, et je ne suis pas sûr que j’aurais l’imprimatur pour ce que j’écris là, mais enfin ! Jésus ne nous dit pas si nous serons nombreux ou pas, mais on peut comprendre qu’il ne se passera rien de bon si nous ne nous efforçons pas, si nous décidons d’aller vaquer ailleurs parce que nous sommes certains que nous ne passerons pas par cette fichue porte bien trop étroite, ou si nous espérons nous glisser à la sauvette. Peut-être qu’en restant à côté en essayant de maigrir, de nous délester de tout ce qui nous encombre et qui ne nous permet pas de nous faufiler, on parviendra à…
Et puis qui sait ? J’ai le souvenir de cette petite rengaine de mes années de louveteau : « si tu vas au ciel, bien avant moi, fais un p’tit trou et tire moi par là »! Qui va me tirer ? Un de mes chers aïeux qui, lui, a réussi à franchir la porte ? Mon saint patron ? Mon ange gardien ? Jésus lui-même, qui confie, le jour des Défunts : « celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors » ? Et peut-être que ceux qui traînent à côté de la porte vont s’y mettre pour me pousser quand mon tour viendra ? Mais pour ça, j’aurais besoin de tous ceux que j’aurais aidé à pousser à travers la porte, et de tout ceux que j’aurais participé à rameuter autour de la porte.
Et il va falloir y mettre aussi du sien, se tortiller, rentrer le ventre, serrer les fesses : trois pas en avant, deux pas en arrière… C’est sûr, ça ne va pas passer tout seul. Ça doit être ça, le purgatoire : tout se déchire et on s’écorche quand il faut passer la fichue porte étroite ! Plus de poches, plus rien qui nous appartienne, en guenilles et plein de contusions au seuil du Ciel.
Drôle de perspective tout de même, et qui nous ramène à ce que notre foi a d’insatiable exigence : on vise rien moins que le dénuement total, et on remet l’ouvrage sur le métier tous les jours de sa vie. Mais d’un autre côté, qui se satisfait sur le temps long d’une petite vie confortable, bien égoïste et qui ronronne ? Qui, au fond de lui, n’a pas une soif à étancher ? Alors, il faut se bouger, il faut essayer de s’approcher de son frère, de s’approcher de Jésus.
Et quand saura-t-on si on s’est assez bougé ? Le cœur sera-t-il jamais assez ouvert, la main assez tendue ? Ça, c’est bien ce que Jésus ne dit pas. « Prenez sur vous mon joug […] et vous trouverez le repos pour votre âme ». Donc, il faut juste s’atteler avec Jésus pour faire le boulot et ça devrait bien se passer – sauf qu’il est allé jusqu’à la croix, pas une aventure reposante, même pour le Fils de Dieu. Et donc, un chrétien ne sera jamais en repos, jamais arrivé, au sens de ce monde. Mais après tout, la vie, c’est comme le vélo, quand on n’avance pas, on tombe. Et c’est la Foi qui transporte les montagnes, pas les certitudes.
Mais si l’on rôde à coté de la porte, prêt à tendre la main et à saisir celle que l’on nous tend, ça peut peut-être le faire. Jésus, j’ai confiance en toi : tu as le bras long, tu peux m’attraper pas si près que ça de la porte étroite – mais j’ai tant besoin de ta Grâce pour m’en approcher suffisamment
André Garnier, Président.
Au Calendrier Liturgique
D’ici Noël, nous allons fêter cinq docteurs de l’Église : Saint Albert le Grand le 15 novembre, Saint Jean de Damas le 4 décembre, Saint Ambroise le 7, Saint Jean de la Croix le 12 et Saint Pierre Casinius le 21.
Mais qu’est-ce qu’un « docteur de l’Église » ?
La Conférence des évêques de France définit ainsi les docteurs de l’Église : “La profondeur de leur foi, alliée à la sûreté de leur pensée et la sainteté de leur vie donnent à leurs écrits et leur enseignement un poids et une influence durables et remarquables dans le développement de la doctrine chrétienne”. Ce sont des intellectuels de haut niveau, théologiens, philosophes ou écrivains, qui sont reconnus comme des références sûres en matière de foi par l’Église et qui ont enrichi sa doctrine par leurs écrits de façon notoire en abordant des domaines de l’Écriture jusque là souvent inexplorés.
Cette reconnaissance n’est concédée qu’à des saints et de façon exceptionnelle, puisque l’Église n’en a retenu jusqu’à présent que 37 en deux millénaires ; parmi eux, quatre femmes : Sainte Catherine de Sienne et Sainte Thérèse d’Avila en 1970, Sainte Thérèse de Lisieux en 1997 et Sainte Hildegarde de Bingen en 2012 que nous avons évoquée dans notre dernier numéro.
15 novembre : saint Albert le Grand
Saint Albert le grand (1200 env. – 1280) est un dominicain allemand, qui fut un temps évêque de Ratisbonne.
Il a répandu les textes d’Aristote en Occident en s’efforçant de rendre accessible au monde latin la pensée du philosophe grec. Il nous a laissé une œuvre scientifique et théologique considérable particulièrement brillante et de vaste ampleur : sciences naturelles, médecine, psychologie, astronomie, géographie, géologie, météorologie, botanique, etc.
« Quel est de tous les hommes le plus contemplatif ? C’est le plus savant » – St Albert le Grand
Il a également laissé une œuvre de théologie qui a servi de modèle à la Somme théologique de Thomas d’Aquin qui fut son élève et dont il resta l’ami.
Canonisé en 1931 par Pie XI, il est déclaré docteur de l’Église. En 1941, Pie XII le proclame saint patron des savants chrétiens.
4 décembre : saint Jean de Damas
A l’époque où vécut Jean Damascène (675 env. – 749), l’empereur de Byzance avait engagé une guerre sans merci contre le culte des saintes images (icônes) en invoquant la Tradition de l’Ancien Testament qui interdisait toute représentation de Dieu. Dans cette crise houleuse – dite de l’iconoclasme – qui agita l’empire byzantin, Jean Damascène prit position en s’appuyant sur le mystère de l’incarnation. Il fit observer qu’en prenant chair, le Dieu invisible s’était rendu visible par la chair et par le sang. Il fut ainsi « le premier à distinguer, dans le culte public et privé des chrétiens, entre adoration et vénération : dans la première on s’adresse seulement à Dieu et dans la deuxième on peut utiliser l’image pour s’adresser à celui représenté dans l’image elle-même ». – Benoît XVI, catéchèse de l’audience générale du 6 mai 2009.
Le Pape Léon XIII l’a proclamé docteur de l’Église en 1890.
Prière de saint Jean Damascène à Notre Dame :
« Je te salue, O Marie, Espérance des chrétiens !
Accueille la supplication d ’un pécheur qui t ’aime tendrement,
qui t ’honore particulièrement e t met en toi toute l ’e spérance de son salut. J’a i l a vi e grâce à tes mérites. Et tu es l e gage sûr de mon salut.
Je te supplie donc, de me l i bérer du poids de mes péchés,
dissipe les ténèbres de mon esprit, délie les liens terrestres de mon cœur, éloigne de moi les tentations de mes ennemis e t conduis ma vie,
ainsi je pourrai parvenir par toi e t sous ton guide, au bonheur é ternel du Paradis » .
4 décembre : saint Ambroise
Fils d’un haut fonctionnaire, saint Ambroise (339 – 397) se fit connaître comme brillant avocat et gouverneur de Milan, alors capitale de l’empire d’Occident.
Alors qu’il n’était encore que catéchumène, il fut élu évêque par acclamation populaire et rapidement baptisé, ordonné prêtre et consacré évêque. Attaché à la rectitude de la foi, il lutta vigoureusement contre l’arianisme qui niait la divinité de Jésus et son égalité avec le Père.
Il a défendu les droits de l’Église contre le pouvoir impérial. En 390, il refusa l’accès de son église à l’empereur Théodose, qui venait de faire mater dans le sang un émeute à Thessalonique, lui imposant d’abord une pénitence publique !
Il a introduit dans l’Eglise latine l’usage grec du chant liturgique qui est tout à la fois prière, action de grâce et expression condensée du dogme. Il en composa lui-même plusieurs que nous chantons encore aujourd’hui :
Jésus, regarde ceux qui t ombent, montre-toi e t redresse-nous.
Sous ton regard disparaît la tache, la faute se noie dans les pleurs.
To i , lumière, brille à nos sens. Dissipe le sommeil de l ’âme.
A toi notre premier cantique, A toi le tribut de nos vœux.
Saint Ambroise – Hymne « Aeternae rerum conditor »
14 décembre : saint Jean de le Croix
Saint Jean de la Croix (1542-1591) est issu d’une famille pauvre d’un petit village de Castille proche d’Avila. Très tôt orphelin de père, il doit travailler pour payer ses études. Il entre au Carmel et ses supérieurs l’envoient à Salamanque pour étudier, avant d’être ordonné prêtre.
Sa rencontre avec Thérèse d’Avila est décisive pour leur amitié spirituelle et leur étroite collaboration en vue de réformer l’ordre du Carmel. Ils rencontrent bien des oppositions et une accusation mensongère vaut même à Jean de connaître l’incarcération dans un couvent dont il réussit cependant à s’échapper.
Il est considéré comme le plus grand mystique espagnol. Dans ses œuvres, il s’efforce de décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel nous sommes tous
appelés. Cette purification progressive de l’âme jusqu’à ce qu’elle parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime ne peut être réalisée que par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint seul capable de consumer toute impureté. Elle exige un effort personnel : celui d’être ouvert à l’action divine et de ne pas lui opposer d’obstacle. C’est en Lui ouvrant la porte de notre cœur qu’Il nous apportera la lumière et que nous connaîtrons la joie d’être rachetés.
Pie XI le proclame docteur de l’Église en 1926.
21 décembre : saint Pierre Canisius
Saint Pierre Kanis – son vrai nom, dont Canisius est la forme latinisée – est né à Nimègue aux Pays Bas dans une riche famille et perd très tôt sa mère. Il fait de solides études à Cologne où il rencontre un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola, ce qui le décide à entrer dans la Compagnie de Jésus. Fondateur de plusieurs collèges et universités, grand théologien et réformateur de l’église du XVIème siècle, il est considéré comme le défenseur de la foi catholique en Allemagne face à la Réforme.
Les thèses de Luther séduisaient alors les milieux dirigeants et populaires et le protestantisme gagnait du terrain en Europe. Il s’opposa victorieusement aux meilleurs théologiens protestants de son temps et comprit que l’Europe devait être à nouveau évangélisée. Convaincu que le renouvellement de l’Église devait passer par la lutte contre l’ignorance du clergé et des fidèles, il rédigea un catéchisme qui connut un vif succès et qui sera traduit dans plusieurs langues. Il en écrivit lui-même un abrégé pour les enfants qui devint très vite populaire. A cette l’époque où l’imprimerie engendrait la méfiance, pour avoir été un des instruments de la contestation, il en usa abondamment en précisant que « le progrès [devait} être mis au service de Dieu. »
Il est canonisé et déclaré docteur de l’Église par Pie XI en 1925.
Qu’à l’exemple de ces saints docteurs, nous ayons le souci de la rectitude de notre foi en consacrant du temps à l’approfondissement de notre culture religieuse ; que nous ayons le courage de défendre le droit naturel contre les dérives idéologiques de notre temps ; que l’Esprit Saint nous accorde de sentir en notre âme un amour pour Dieu que nous ayons le désir de voir toujours grandir ; que nous soyons ouverts l’action de l’Esprit Saint dans nos âmes et que nous acceptions de lui ouvrir la porte de notre cœur.
Une Minute avec Marie!
La petite Vierge de Nazareth a une place exceptionnelle dans le plan de salut de Dieu : son destin unique dans l'histoire de l'humanité est annoncé depuis les origines et son œuvre se poursuit jusqu'à la fin des temps.