Une Date, un exploit

7 Déc 1936 : Disparition de Mermoz

À Dakar, ce matin là à l’aube, l’équipage s’installe à bord de la Croix du Sud, l’hydravion quadrimoteur Latécoère qui doit transporter le courrier jusqu’à Natal : Mermoz, chef de bord, Pichodou, second pilote, Cruvelhier, radio, Lavidalie, mécanicien et Ezan, navigateur.

Après décollage, un problème sur le réducteur du moteur arrière droit, empêche l’hélice de passer au grand pas, obligeant l’équipage à se reposer. Nouveau décollage après réparation sommaire.

Les messages de routine se succèdent à intervalles réguliers jusqu’à 10h47 où le radio annonce : « Coupons moteur arrière droit »… L’angoisse grandit avec le silence qui se prolonge. Ce sera le dernier message. Quelques jours plus tard, il faut se rendre à l’évidence : la Croix du Sud a disparu corps et biens.

L’hypothèse a été avancée d’une nouvelle défaillance du réducteur ; l’hélice aurait fini par se détacher, sectionnant au passage la dérive de l’appareil ou une partie du fuselage, rendant l’hydravion incontrôlable.

Quelques jours plus tard, l’équipage est cité à l’ordre de la Nation.

Dans un style moins enflammé, Saint-Exupéry avait déjà fait l’éloge de son ami dans un article de presse un an auparavant en louant son « loyalisme professionnel et son désintéressement pour l’argent. »

Mermoz, devenu inspecteur général d’Air France, avait en effet sobrement fixé l’objectif : « Partir quand on veut, d’où l’on veut, pour arriver où l’on veut, quand on veut »… Ce que nous vivons aujourd’hui dans des conditions de sécurité, de confort et de régularité inimaginables à l’époque.

Le Laté 300 était un hydravion dont les quatre moteurs étaient regroupés deux par deux dans une même nacelle, le moteur avant entrainant une hélice tractrice et le moteur arrière une hélice propulsive (formule dite « push-pull »). L’avantage était de présenter moins de trainée, l’hydravion ayant un profil moins aérodynamique et une masse plus élevée qu’un avion « aéroterrestre ». À l’époque, les services officiels français misaient en effet sur les hydravions pour les traversées océaniques, les pensant plus sûrs…

30 décembre 1936 : Maryse Bastié traverse l’Atlantique Sud sur un monomoteur de tourisme

Maryse Bastié

Déjà détentrice de plusieurs records féminins de distance et de durée, Maryse Bastié (1898-1952), crée en 1935 à Orly sa propre école de pilotage. Mermoz, qu’elle a accompagné dans une traversée aller-retour de l’Atlantique Sud, l’encourage dans son projet de tenter l’aventure en solo sur un monomoteur de grand tourisme.

Un mois à peine après la disparition de Mermoz, le 30 décembre 1936, elle s’envole de Dakar, seule à bord d’un Caudron Simoun pour atterrir à Natal après une traversée de douze heures et cinq minutes, décrochant en plus le record du monde féminin de vitesse pour ce vol de plus de 3.000 km qu’elle a effectué à une vitesse moyenne de plus de 250 km/h.

Son avion était un monomoteur Caudron Simoun 635 de 8,70 m de long et de 10,40 m d’envergure équipé s’un moteur Renault de 220 CV et fut légèrement modifié pour obtenir l’autonomie nécessaire.

La compagnie Air Bleu utilisa une douzaine de Simouns pour des liaisons postales métropolitaines ; on peut en voir un restauré à ses couleurs au Musée de l’Air.

L’Armée de l’Air et l’Aéronautique navale en utilisèrent plusieurs dizaines comme avions de liaison et d’entraînement.

Saint Exupéry en posséda un personnellement, avec lequel il s’écrasa en Lybie lors d’une tentative de raid Paris-Saïgon ce même 30 décembre 1936@ où Maryse Bastié traversait l’Atlantique Sud. Son mécanicien et lui furent sauvés in extremis de la déshydratation par des bédouins ce qui fit la trame d’un des chapitres de Terre des hommes… et nous valut une explication éblouissante de la renonciation d’Ésau à son droit d’aînesse pour un plat de lentilles !

 

 

 

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