Les lectures nous placent devant le mystère de la Croix

Homélie 2 et 3 sep.23 (Guémené et st Caradec Trégomel) – Jr 20, 7-9 – Rm 12, 1-2 – Mt 16, 21-27 

Les Lectures nous placent devant le mystère de la Croix. De la Croix qui nous a sauvés, de la Croix  qui continue de nous sauver, dans le mystère de la Résurrection du Christ et de la venue de l’Esprit du  Père et du Fils. Accueillons ces Paroles, ne fuyons pas la méditation, ayons à cœur de recevoir ce que  le Christ et l’Eglise nous donnent ce dimanche. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce  à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». 

Je ne devrais pas moi-même oser dire un seul mot de la Croix. Qui suis-je ? Certains d’entre nous  en portent une très lourde. Comment parler de la Croix du Christ ? Que savons-nous de sa souffrance,  offerte par amour ?  

1) Evoquons les Paroles de Jésus à ses disciples  

11) Dans quel contexte Jésus évoque t-il ainsi soudain le fait de le suivre en portant notre propre  croix ?  

Cette Croix du Christ, elle est au centre, au sommet de la vie chrétienne, ne l’oublions pas. Jésus  ne peut pas ne pas nous en parler. Cette Croix nous a sauvés. Nous sommes sauvés !!! Nous avons pour  nous tous les trésors de la Rédemption, du Salut, de la Passion et de la Résurrection de Jésus dans  l’Esprit Saint ! Pourquoi contempler, pourquoi regarder cette croix, pourquoi méditer sur les paroles de  Jésus, nous qui sommes baptisés ? Nous qui avons été marqués au baptème du seul Signe qui  sauve du péché et de la mort. Nous qui faisons, sans doute, de multiples fois dans la journée ou dans la  vie le signe de la Croix et qui l’avons enseigné à nos enfants…et petits enfants. 

Allons voir le contexte de cette phrase de Jésus, qu’il reprend d’ailleurs à plusieurs reprises, tant  elle est centrale pour lui, pour sa mission, pour notre Salut : Jésus vient de recevoir la confession de  foi de st Pierre, « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Jésus veut montrer qui il est.  

12) Oui, c’est notre foi, oui c’est la confession centrale du Salut en Jésus Christ. C’est la vérité,  c’est pourquoi nous pouvons bien écouter cette Parole d’amour du Christ à ses disciples. Jésus, né à  Bethléem en Judée d’une femme appelée Marie, est bien le Fils du Dieu vivant. Vrai Dieu et vrai  Homme il a voulu montrer son amour, comment il nous aimait, jusqu’à quel point il nous aimait… pour  nous sauver, à la demande de son Père 

Et destin unique, destin glorieux : il nous appelle à le suivre sur son chemin, avec notre propre  renoncement à nous-mêmes. Appelés à quitter notre propre soit- disant autosuffisance, quelque chose  de notre égo, de notre égoïsme, de notre fermeture, de ce que l’Ecriture appelle « le vieil homme »  quelque chose qui nous ferait penser que nous n’avons pas besoin de Dieu pour vivre et franchir la mort !  

Il nous appelle à le suivre en fidèles disciples. Quel amour de sa part ! St Paul disait : « je mets ma  fierté dans la Croix du Christ. » 

Notre croix, – qui n’en porte pas un jour ? – Jésus la porte avec nous car il a porté la sienne jusqu’au bout, pour le monde entier de tous les temps. Quel destin glorieux !!! Jésus, vainqueur de  la mort, est dans la gloire de son Père, il « reviendra dans la gloire » pour nous chercher et nous  y mettre ! 

A la fin de ses paroles, Jésus prend soin en effet de conclure devant ses disciples, à dire vrai apeurés peut-être terrorisés par l’image de la mort sur la croix, réservée aux esclaves, qui ne comprennent pas  ses paroles : « Quand le Fils reviendra avec ses anges… » : oui il y aura une fin de l’Histoire, et nous  sommes quelque part sur ce chemin de la gloire de Dieu. Soyons dans l’espérance !

 

2) Un mot de la 2ème lecture, dans la Lettre de saint Paul aux chrétiens de Rome : « Je vous  exhorte, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps, votre personne toute entière,  en sacrifice vivant et saint capable de plaire à Dieu : c’est la juste manière de lui rendre un culte. »  

L’amour de Dieu est total. Il est si fort qu’il a triomphé de la mort. N’ayons pas peur d’offrir ce que  nous sommes chaque jour, une première fois si cela n’a pas encore été fait. Avec nos limites, nos  peurs…Dieu nous aime, nous sommes ses enfants. Quels parents rejettent leur enfant ? Quelle joie à se  donner tout entier, à se redonner chaque jour à Dieu par amour ! 

3) Un dernier mot sur la 1ère Lecture dans le Livre du prophète Jérémie :  « A longueur de journée je suis exposé à la raillerie… » Oui c’est vrai, choisir d’être vraiment chrétien,  de dire que l’on est chrétien, de vivre comme l’Evangile et l’Eglise nous invitent à le faire, peut nous  attirer des ennuis, des critiques…Des milliers de frères et sœurs souffrent actuellement de la  persécution car ils appartiennent au Christ. Le prophète Jérémie a souffert tout en invitant ses  contemporains à connaître la vérité, l’amour et la miséricorde de Dieu. 

Ne nous laissons pas abattre par les critiques et les mauvais coups. Ayons recours à la prière  sans cesse, au secours des autres…Le Saint Esprit fait ainsi vivre ses fidèles depuis 2000 ans,  comme il l’avait fait pour les prophètes de l’Ancien Testament. Il nous assiste, appelons- le ! 

Pour conclure, nous pouvons garder comme un flash, une flamme, la parole qui termine le passage  de Jérémie : « Je me disais : ‘je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom’. Mais sa parole  était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os. Je m’épuisais à la  maîtriser, sans y réussir ».  

Encore un mot sur l’actualité du monde, puisque nous parlons de la Croix de Jésus qui a sauvé  le monde, et que le pape François visite la Mongolie, cette église « lointaine » (pour nous) et bien  aimée du Christ :  

Quand j’étais aumônier des aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et du Bourget, il y a quelques années,  je fis la rencontre du « premier mongol de ma vie » ! Un jour, je vois déambuler un monsieur asiatique…  je vais à sa rencontre, il avait l’air bien perdu dans cet immense aéroport… Je découvre qu’il est  …mongol. Etonnant ? Pas sur nos aéroports qui permettent tous les voyages du monde. Je regarde le  papier qu’il me tend : c’était l’ordre de repartir à Oulan Bator, capitale de la Mongolie, via Moscou, ce  même jour où il était arrivé…La Préfecture le faisait repartir d’où il était venu…Comme il était un peu  perdu (émotions diverses au visage), je vais avec lui au comptoir d’embarquement…, la dame arrange  tout pour le départ. Le visage du monsieur redevient paisible…, et soudain, dans son anglais approximatif,  il me regarde, baisse les yeux et pointant la petite croix que je portais toujours au cou, il me dit : « Qu’est ce que c’est ? ». Un peu surpris, « pris au dépourvu » comme parfois…quand on porte une petite  croix…sans assez y penser…, j’ai eu quelques minutes pour lui partager le mystère de la Croix du  Sauveur Jésus Christ. Croix glorieuse, car Jésus est ressuscité, il est vivant et il nous aime, chacun  chacune d’entre nous. Le Seigneur avait offert à ce monsieur, grand voyageur « du bout du monde », un  billet d’avion pour entendre parler de lui, quelques minutes, à Paris, et revenir dans son pays ! Aimons  la Croix Glorieuse ! 

Yves de Brunhoff (diacre permanent)

Yves-de-Brunhoff

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