Au fond de tout péché sommeille une secrète préférence de soi. L’orgueil est justement cet amour de soi-même. Mais un amour désordonné.

1. Prendre conscience de la gravité de l’orgueil

« Dieu résiste aux orgueilleux » (Jc 4, 6), affirme l’Ecriture. Jean Cassien constate que cette résistance de Dieu n’existe pas pour les autres péchés : « Quel grand mal est donc l’orgueil, pour mériter d’avoir comme adversaire non un ange, ni d’autres vertus opposées, mais Dieu Lui-même ! » En effet, « l’orgueil s’attaque à Dieu en personne ».

2. Désirer l’humilité

On chasse l’orgueil par son contraire : l’humilité. Or, une vertu s’acquiert par une succession de petits actes. « Il faut beaucoup d’humiliations pour faire un peu d’humilité », disait sainte Bernadette. Mais la pire humiliation – la plus féconde – est celle qu’on ne choisit pas…

3. Devenir un familier de Dieu

Par deux voies : être un « ruminant » de la Parole de Dieu (Jn 15, 3) ; pratiquer une adoration silencieuse et gratuite, où l’on est tout simplement avec Lui, sans rien dire, sans rien faire…

4. Cultiver la discrétion

« Mon ami, ne nous faisons pas remarquer », prônait le Curé d’Ars. Avez-vous remarqué combien les hommes deviennent insupportables dans les dîners lorsqu’il y a des jolies femmes ?

5. Apprendre à donner dans le secret, sans que personne ne le sache (Mt 6, 1-4)

Mettez en application cette parole, disons, une fois par jour. Si vous avez tendance à être plus généreux lorsque vous vous promenez avec des amis, prenez la résolution de donner autant et aussi souvent aux démunis lorsque vous êtes seul.

6. Accepter ses émotions

L’indépendant qui contrôle tout doit d’abord apprendre à dépendre de soi, notamment de son corps, de ses émotions. On raconte que Mère Yvonne-Aimée [de Malestroit], devant une Sœur qui avait perdu sa mère mais s’interdisait de pleurer, réagit ainsi : « J’aimerais mieux la voir pleurer comme une enfant sa chère maman. […] C’est stoïque, oui, mais pas humain, pas humble. Le Seigneur a pleuré sur Lazare, Lui, c’était son ami… Pleurer ne fait pas de peine au Seigneur, quand ce sont de vraies larmes de douleur, de joie, d’amour, de repentir, etc. C’est humain, et Lui les divinise toutes ».

7. Reconnaître ses dettes

L’indépendant peut entrer doucement dans la dépendance par la louange, c’est-à-dire la reconnaissance (au double sens du terme) de tout ce qu’il reçoit. Le musicien Olivier Messiaen était franciscain dans l’âme, et témoignait sans cesse de la dette contractée à l’égard de ceux qui l’avaient formé. « Si vous voulez me faire plaisir, dit-il à un journaliste venu l’interviewer en 1931, dites surtout du bien de Marcel Dupré. Je lui dois tout. »

8. Savoir rire de soi-même

Jean Nohain raconte qu’un producteur infatué de sa personne répétait sans cesse : « Je suis d’autant plus heureux de ma réussite que je suis parti de rien ». Agacé de cette vanité, quelqu’un murmura : « Il a dû prendre un aller et retour !»

Quelques signes pour détecter en soi l’orgueil
  • Avoir toujours raison ; ne jamais reconnaître que l’on a tort. Être incapable de demander de l’aide.
  • Ne pas supporter la critique ; ou ne supporter que les «gentilles remarques» ou celles de ceux que l’on aime. Variante : accuser l’autre en permanence.
  • Regretter davantage les fautes lorsqu’elles sont commises en public que dans l’intimité. Vous éclatez de colère durant un dîner ? Vous commettez une indélicatesse durant une fête de famille ? C’est moins la faute que vous regrettez, que le fait d’avoir perdu la face ou écorné votre image.
  • Le name-dropping, procédé qui consiste à faire passer pour évident que l’on côtoie du beau monde : «Tu sais, l’ambassadeur de France en Norvège, il est charmant. – Comment le sais-tu ? – Oh ! pardon, je ne te l’avais pas dit ? Je dînais chez lui hier soir.»
  • Le besoin de se mettre en avant. Pendant le tournage de La Comtesse aux pieds nus, la célèbre et splendide Ava Gardner eut une amourette avec le torero Luis Miguel Dominguin. Le premier soir de leur liaison, Dominguin se lève, s’habille et enjambe la fenêtre. «Peut-on savoir où tu vas ? – Raconter ça aux copains !», répond ingénument le matador.

Luc Adrian et Pascal