« Voici un dimanche peu ordinaire !
Nous vous proposons cette méditation de Jacques Yvert, diacre du diocèse de Bordeaux et président honoraire de NDA, qui relie de façon éclairante – et non sans humour – ces deux évènements liturgiques :
« Voici un dimanche peu ordinaire !
Alors que nous sommes justement entrés dans le temps dit ordinaire aussitôt après le baptême du Seigneur, la fête de la Présentation de Jésus au temple éclipse le 4ème dimanche de ce temps et ses lectures propres.
Notons au passage que l’adjectif ordinaire, appliqué au temps liturgique, n’est empreint d’aucune notion péjorative, mais signifie une suite ordonnée. (On compte ainsi habituellement 34 dimanches dans le temps dit ordinaire).
De ce fait, les ministres ordinaires – mais ordonnés – de la liturgie revêtent ce jour les ornements blancs qui indiquent toujours un temps particulier comme celui de Noël, de Pâques, une fête mariale et quelques solennités alors que les indicateurs venaient tout juste de passer au vert.
La Parole de Dieu, tout comme la couleur blanche de ce jour, vient nous éclairer et nous révéler plus précisément que le Seigneur est notre vraie lumière : « Lumière qui se révèle aux nations », vient de nous redire Symeon, venu au temple, sous l’action de l’Esprit Saint, tout comme nous à l’église, non avec des semelles de plomb mais peut-être avec des semelles de crêpe en ce jour appelé aussi la Chandeleur…
Voici aussi une année extraordinaire !
Le dimanche 5 janvier dernier, un peu partout, mais en particulier dans notre diocèse, a été inaugurée l’année jubilaire par notre archevêque, dans une cathédrale tellement remplie, de jeunes notamment, que de nombreuses personnes ont dû rester debout ou s’asseoir par terre.
Pour mémoire, un jubilé est une solennité publique célébrée autrefois tous les cinquante ans, chez les Hébreux. Or, ce Jubilé de 2025 est un jubilé ordinaire, car « il s’inscrit dans un programme préétabli de l’Église, qui le célèbre tous les 25 ans, de manière à ce que chaque génération puisse profiter de cette année de pardon ». Alors profitons-en !
« En accueillant la grâce jubilaire, l’indulgence du Seigneur, notre cœur vieilli avant l’âge, abîmé, meurtri peut-être, renaît à l’Espérance; il est guéri même de ses rides, des mauvais plis dus au péché.
Oui, grâce à cette année jubilaire, nous sommes appelés à rayonner la beauté de l’Espérance, pour la gloire de Dieu et le salut du monde », nous a dit Mgr James.
Le 2 février, nous entendrons dans l’évangile qu’Anne, femme prophète – comme quoi le don de prophétie n’est pas l’apanage des hommes – « servait le Seigneur jour et nuit dans la prière, proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Tout un programme !
Voilà bien notre Espérance, l’une des trois vertus théologales avec la Foi et la Charité.
N’attendons-nous pas, nous aussi, la délivrance ? Délivrance pour nous-mêmes de tout ce qui nous retient encore captifs de tout et du reste, délivrance pour nos frères et sœurs, délivrance de la guerre, de la pauvreté, de l’injustice ?
« Délivre-nous de tout Mal Seigneur et donne la Paix à notre temps », dit le prêtre après le « Notre Père ».
Anne ne s’y trompe pas, elle parle de l’enfant à tous ceux qui attendent la délivrance !
Comment pouvons-nous vivre, nous aussi, cette nouvelle année dans l’Espérance et témoigner que le Seigneur est notre lumière ?
« Le prochain jubilé – souligne le pape François sa bulle d’indiction l’Espérance ne déçoit pas – sera donc une Année Sainte caractérisée par l’Espérance qui ne passe pas, l’Espérance qui est en Dieu. Laissons-nous dès aujourd’hui attirer par l’Espérance et faisons en sorte qu’elle devienne contagieuse à travers nous, pour ceux qui la désirent ».
Symeon se situe dans la rencontre authentique et confiante avec Dieu qui lui apporte la paix et dont il se sait aimé. La liturgie nous invite à entrer dans cette démarche, à aller à la rencontre du Christ, guidés par l’Esprit Saint, pour qu’au moment de quitter ce monde, nous puissions dire à la suite de Symeon :
« Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix selon ta parole. » – Lc 2, 22 – 40.
Amen
Notes:
1-Les aviateurs de NDA savent que le vert n’est pas réservé à certains voyants mais qu’il est aussi la couleur liturgique du temps ordinaire.
2-Archevêque de Bordeaux.