De la vie….

50000 morts selon les dernières estimations :

les derniers séismes qui ont meurtri la Turquie et la Syrie nous renvoient une fois de plus sur la question toujours éminemment difficile du sens de la vie et de la mort face aux caprices de la nature, à l’imprévisible, à l’incompréhensible…

Première bonne nouvelle : l’émotion mondiale, la solidarité manifestée y compris par des belligérants occupés à d’autres activités moins recommandables non loin de là, montrent qu’il y a encore une âme dans l’humanité, et que la vie a toujours du prix. Finalement, en plein débat sur la suppression de la vie (l’Occident n’a-t-il donc pas d’autre chats plus dévastateurs que l’avortement et la fin de vie à fouetter ?), on redécouvre sainement que l’on ne souhaite à personne, ni à soi, ni aux autres, en dépit des vicissitudes parfois très pénibles et douloureuses de l’existence, de la terminer si brutalement. Et si pareille séparation d’avec nos semblables nous fait mal, n’est-ce pas parce que nous les aimons, au moins un peu ? Cette chienne de vie nous reserve-t-elle donc tant de vraies joies ? Qu’on le crie sur les toits et que l’on rende grâce !!

Deuxième bonne nouvelle : on ne se résout pas à une vie brutalement interrompue sans qu’un minimum de sens lui soit donné. Une catastrophe naturelle, c’est encore une grande question adressée aux religions :

pourquoi eux, et pourquoi maintenant ? Seigneur, leur vie était-elle accomplie ? Pourquoi as-Tu permis cela ? Où est-elle, Ta toute-puissance ?

Rappelons-nous tout d’abord : les sciences de la terre nous ont montré (puisque foi et raison s’épaulent mutuellement) que la géophysique, la tectonique des plaques, le volcanisme ont contribué et contribuent toujours à façonner une planète fabuleuse, qui nous offre des conditions propices à la vie (cette chienne de vie que nous aimons tant, comme l’environnement qui va autour, et dont le dérèglement nous cause tant d’inquiétudes), dans un vide sidéral par ailleurs totalement hostile. On peut donc continuer à bon droit à s’émerveiller de la Création : plus parfait, mieux réglé ? Pas facile en fait !

Alors, à qui la faute ? Qu’en pense le Christ ? Rappelons-nous l’épisode de la chute de de la tour de Siloé : non, les victimes n’étaient pas de grands pêcheurs, il n’y a pas là de sanction divine. La planète a précédé l’homme et son péché. Le péché de l’humanité, c’est de n’avoir pas pris la mesure de la fragilité de ses constructions, sinon d’avoir délibérément négligé des principes élémentaires de maçonnerie ou de normes de construction antisismiques. On ne savait pas ? Sommes-nous sûrs ? Nous serions-nous pris pour des dieux ?

Oui, mais alors, les victimes ? Étaient-elles prêtes ? Prêtes à quoi, au fait ? Serait-ce que nos chiennes de vies auraient un sens ? Qu’elles pourraient être pesées quelque part à l’aune du bien et du mal qu’elles auront contribué à engendrer ? Il y aurait donc un bien et un mal qui ne seraient pas relatifs ? Nous sommes tous bien taraudés par cette question des fins dernières, et à juste titre : et Jésus de conclure « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ».

Cette lutte pour ajuster notre vie, pour la rendre plus juste, ces efforts dont nous essayons de redoubler pendant le Carême, c’est à chaque instant qu’il faut les produire. Et comme nous en sommes bien infichus, c’est à chaque instant qu’il faut remettre nos misères entre les mains du Père, Lui témoigner la confiance et la joie d’être ses enfants si plein de talents, mais aussi de faiblesses – afin d’être prêts à partir si une tour de Siloé quelconque venait à s’abattre sans raison sur nos têtes à tout moment.

Sans compter qu’essayer d’être ajusté au mieux à Dieu à chaque instant, c’est gage d’une vie tellement plus sereine…

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