Chateaubriand nous a confié que changer un terme d’acception bouleverse le langage comme le cœur :
appeler « mère » une femme qui n’aurait pas donné naissance, par exemple. Remplacer un mot par un acronyme (IVG) ou une périphrase (mourir dans la dignité) pour en dissoudre ou dissimuler le sens constitue aussi une sorte d’arnaque sémantique. Bref, tricher avec les mots, c’est tricher avec la vérité.
Dans Tactique du diable, C.S. Lewis nous a expliqué que pour nous faire chuter, le démon commençait par brouiller nos esprits, par les remplir de confusion. On nous dit que le diable est dans les détails, qu’il s’habille en Prada… Il a surtout soin qu’on ne nous dise pas que depuis la Genèse, il est un as du camouflage, un pro de l’intox, un expert en coups tordus, un spécialiste des opérations sous légende. Eve a été sa première victime; depuis, il affiche un tableau de chasse impressionnant.
Baudelaire confirme :
« La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas. »
Pensez-donc : allez-vous prendre des mesures de protection contre une menace dont vous ignorez jusqu’à l’existence ?
Alors ne nous laissons pas (trop) manipuler à l’émotion; essayons d’y voir clair; ou du moins d’y voir, ce qu’on ne veut pas trop que nous voyions.
Le projet de loi de bioéthique, en l’état actuel du texte qui doit être discuté au Sénat à partir du mois de septembre, révèle d’abord, dans la situation actuelle de crise sanitaire et économique, une altération du jugement dans l’appréciation des urgences; il présente surtout de graves dérives.
On peut d’ores et déjà faire les remarques suivantes :
L’abandon du critère de l’infertilité médicale pour le recours à la PMA et pour sa prise en charge par l’Assurance Maladie ainsi que l’accès à l’auto-conservation des ovocytes sans nécessité médicale avec une participation de la Sécurité sociale constitueraient un détournement de la médecine de sa mission thérapeutique et un détournement de la solidarité nationale en matière d’assurance maladie.
La possibilité de recourir au double don de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes sont issus de donneurs) pour concevoir un embryon in vitro, consacre également une approche de plus en plus artificielle de la procréation au détriment de la lutte contre l’infertilité.
L’introduction de la notion indéfinissable de « détresse psychosociale » pour pouvoir pratiquer une IMG jusqu’à la veille de l’accouchement conduirait à une banalisation de l’avortement.
La dévalorisation du rôle du père, réduit à un fournisseur de gamètes, et la perversion du sens du mot « mère », puisqu’une femme pourrait être réputée mère alors qu’elle n’aurait pas enfanté, viennent bouleverser les liens de la filiation.
L’ouverture de la PMA à toutes les femmes risque de conduire à la commercialisation des gamètes ou à la rémunération des donneurs ce qui porterait atteinte au principe fondamental de non marchandisation du corps humain.
La légalisation de la fabrication d’embryons transgéniques et d’embryons chimères homme-animal ouvrirait la porte à des bricolages génétiques hasardeux.
Enumération malheureusement non exhaustive…
Vieille tentation de l’homme qui tend la main vers l’arbre de la connaissance du bien et du mal : « Vous serez comme des dieux », maîtres de la vie et de la mort. Or, nous rappelle encore C.S. Lewis, « c’est Lui, et Lui seul, qui donne la vie et la termine. »
Alors, interrogeons-nous… et prions l’Esprit Saint de nous apporter sa lumière !
Michel Ferry