J’ai effectué plusieurs vols avec le très Saint Père Jean-Paul II

Notamment Strasbourg ROME, Metz ROME et Lyon ROME

J’ai eu la chance d’être finalement seul et directement à son service en face-à-face sur chacun de ses vols.

À la troisième rotation nous finissions par avoir degré de convivialité inespéré pour moi

La troisième fois il m’a serré la main directement en me disant « Je suis très heureux de vous retrouver ». Nous avions eu déjà quelques échanges lors des précédentes rotations.

C’était un homme authentique plein de bienveillance et de respect.

Je pense même qu’il appréciait ces « face-à-face » dégagés de tout le protocole d’autant plus que j’étais le plus « petit » de la hiérarchie.

Étant en permanence seul avec lui dans sa cabine je pense avoir partagé avec lui des moments exceptionnels.

je ne peux pas tout dire toutefois je me rappelle d’une anecdote.

À bord de l’Airbus entre Lyon et Paris je devais servir le TSP et trois personnalités invitées :

le ministre des affaires étrangères, l’ambassadeur de France au Vatican et le président d’Air France

Après le décollage nous devions servir un repas.

Ce repas était digne des meilleurs que Air France pouvait proposer.

Mais je savais que ces repas fastueux et pantagruéliques ne lui convenaient pas du tout. Nous en avions parlé en retour d’expérience sur les précédents vols mais bien sûr personne n’est nous avait entendu.

A l’escale de Lyon, L’abbé Stanisław Jan Dziwisz qui était à l’époque son secrétaire particulier avait remarqué que nous autres membres d’équipage avions commandé pour nous une soupe aux croûtons chez un grand traiteur lyonnais durant le temps d’escale à Lyon.

Ça n’avait pas échappé au regard de Stanisław Jan Dziwisz. Ce dernier me dit que le TSP adorait cette soupe. Je lui réponds avec le sourire que ce serait un honneur pour nous de lui offrir notre modeste soupe mais un magnifique repas était prévu pour lui et ses invités.

Dès le décollage, les invités prennent place autour de la table ronde installée dans la cabine papale et je leur présente la carte Air France somptueuse.

Le TSP fait un peu la moue.

A ce moment l’abbé Dziwisz entre dans la cabine papale et glisse au TSP quelques mots que je ne comprends pas.

Ensuite, le TSP se retourne vers moi et me dit : « Vous avez de la soupe de croûtons? »

« Oui TSP! »

Le TSP s’écrie tout haut : « Alors pour moi ce sera une soupe de croûtons et ce sera parfait pour moi, si c’est possible. »

Les 3 autres convives interloqués se tournent vers moi et me disent la mine un peu dépitée…. « soupe de croûtons pour nous aussi »

Le repas « soupe de croûtons » n’a duré que 10 minutes avant qu’ils ne demande à ses 3 invités de prendre congé d’eux. Ces derniers ont regagné immédiatement la cabine arrière.

Le TSP a pris son fauteuil de décollage et m’a demandé de m’asseoir à côté de lui.

Il m’a remercié pour lui avoir offert cette soupe.

J’étais vraiment à la fois gêné et ému.

C’était le troisième vol que je faisais à son service et donc mon troisième entretien avec lui.

Il m’a parlé de ma famille et je lui ai annoncé la future naissance de mon fils Florent.

Nous avons aussi parlé des disciples et apôtres de Jésus Christ Jean et Paul.

Et il me dit: « Pourquoi ne pas lui ajouter les prénoms Jean et Paul pour Florent? »

« Parfait TSP c’est une superbe idée » dis-je.

J’étais absolument ébahi de constater que j’avais passé plus de temps à moi tout seul avec le TSP que les 3 sommités invitées.

J’ai même été obligé de prendre congé du TSP pour prendre mon siège PNC réglementaire pour l’atterrissage.

Avant de quitter l’avion à Rome le TSP me glisse, « et n’oubliez pas pour Florent! »

Florent est né le 18 décembre 1988. J’ai informé le TSP que Florent se prénommerai FLORENT JEAN PAUL.

Au mois de mai , nous l’avons invité pour le baptême.

Le jour du baptême un prélât (dont je ne me rappelle plus le nom) est venu de Paris nous porter dans l’église de Sarron à Pont Ste Maxence un petit mot manuscrit du TSP (?)

La réalité avait-elle dépassé la fiction?

Didier  PNC AF en 1986