Cérémonie du souvenir des Ailes brisées
Quelques visiteurs commencent à déambuler dans les galeries des Invalides, mais un attroupement s’est déjà formé devant l’entrée de l’église Saint Louis : des uniformes, du beau linge, bon sang, mais c’est bien sûr : c’est la cérémonie du Souvenir des Ailes brisées !
Les invités se pressent, les habitués se reconnaissent, entament la conversation, échangent les derniers potins, les bancs se garnissent ; uniformes ou tenue soignée, retenue, éducation : ça sent bon l’évènement mondain que l’on ne manquerait sous aucun prétexte. Dans un coin, les stewards et hôtesses du chœur d’Air France se retrouvent avec complicité. Beaucoup de cheveux gris, quelques jeunes : une solide délégation d’élèves de l’Ecole des pupilles de l’air est venue de Grenoble avec son aumônier, quelques-uns serviront la messe.
Événement mondain, seulement ? Heureusement non : on sent chez ceux-là une vraie connivence, celle de ceux qui connaissent ou ont connu de près ou de loin la belle aventure de l’aéronautique, avec ce qu’elle comporte de joies et de peines, de succès et de drames.
Et le silence se fait, les chants montent, la messe commence : c’est la fête de Sainte Thérèse d’Avila. La liturgie est belle, Monseigneur de Romanet, évêque aux armées délivre une homélie bien sentie, qui nous parle du Christ avec force. On voit bien qu’ils ne pratiquent pas tous, ni si même ils croient. Mais le recueillement les a gagnés. Les communiants se presseront nombreux.
Étrange atmosphère légèrement surréaliste : la stricte laïcité de l’aéronautique s’efface silencieusement pour laisser l’Eglise délivrer ce message d’espérance qui lui est propre. Espérance en ce Dieu d’amour d’amour qui accueille les disparus tombés en service aérien, qui nous accueillera aussi au jour de notre mort, pour parachever dans la lumière ce qui avait été ébauché dans les cieux de ce monde. Espérance qui donne un sens, le sens à nos vies.
Merci.
Merci aux Ailes brisées de faire perdurer cette cérémonie où la République et l’Eglise peuvent encore, entre pudeur et ferveur, communier dans l’idée que les disparus nous montrent le Chemin.