Je ne sais pas si l’on doit encore présenter Adrien Candiard, tant ses petits opuscules sont régulièrement des succès de librairie. Il faut dire que le style de l’auteur est d’une rare fluidité (ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…), et surtout, s’agissant du sujet, sa position de frère dominicain en poste à l’Institut dominicain d’études orientales lui offre un point de vue privilégié à la croisée des religions et des civilisations.
La première partie fait la part de ce qui fait la diversité (qui est très grande) et de ce qui fait l’unité (fort ténue et pourtant si puissante) de l’islam. La seconde partie explore davantage les singularités de l’islam au cours de l’histoire, notamment en tant que système social et politique, vis-à-vis de ce qu’a connu l’occident : les relations entre pouvoir politique et religieux et l’exercice de ce dernier sont autant d’occasions de s’étonner. Enfin, l’auteur s’attache à apporter des éléments de réponse à trois grandes questions que se pose l’occident vis-à-vis de l’islam.
L’immense intérêt de l’ouvrage est d’offrir une vision extrêmement mesurée, nuancée, et, autant que faire se peut, exempte de parti pris. On en retire le sentiment d’une grande complexité, remarquablement documentée et illustrée, et d’une altérité certaine pour les schémas de pensée occidentaux.
L’ouvrage ne cache pas que certaines formes de l’islam peuvent en effet représenter une menace, mais qu’il convient néanmoins de lui reconnaître une richesse historique de réflexion et d’organisation dont les clichés ne rendent pas compte. Les sociétés musulmanes ont été traversées par des interrogations et des crises qui ont suscité des réponses originales, et qui méritent encore à l’heure actuelle d’être méditées.
L’auteur conclut en soulignant qu’au regard des résultats mitigés des actions politiques et sociétales menées en son nom (prise de pouvoir, terrorisme, organisation de la société…), l’avenir de l’islam passe très probablement par un recentrage et un approfondissement du domaine spirituel, où là aussi, l’islam a une grande richesse à faire valoir.